Dispersion directe de particules de fer
Poudres d’oxyde de fer, sulfate de fer ou fer chélaté dispersées en mer







Utilisation d’organismes ferrobactériens









Déversement de cendres volcaniques






Fertilisation des océans – OIF (Ocean Iron Fertilization) : Principe et mise en œuvre
La fertilisation des océans est une technique de géo-ingénierie du carbone visant à stimuler la croissance du phytoplancton en ajoutant des nutriments, principalement du fer, dans certaines régions océaniques. L’objectif est de favoriser la photosynthèse, qui permet d’absorber et de fixer le dioxyde de carbone (CO₂) atmosphérique, réduisant ainsi son impact sur le réchauffement climatique.
1. Principe scientifique
Le phytoplancton, constitué de microalgues, est à la base de la chaîne alimentaire marine et joue un rôle clé dans le cycle du carbone. Comme les plantes terrestres, il utilise la photosynthèse pour convertir le CO₂ dissous en matière organique. Cependant, dans certaines parties de l’océan, le fer est un facteur limitant pour sa croissance.
L’ajout de fer dans ces zones dites HNLC (High-Nutrient, Low-Chlorophyll) permet d’augmenter la biomasse phytoplanctonique, ce qui entraîne :
- Une absorption accrue de CO₂ de l’atmosphère.
- Un transfert de carbone vers les profondeurs via la sédimentation des organismes morts.
- Un effet bénéfique sur certaines chaînes alimentaires marines, avec une production accrue de zooplancton et de poissons.
2. Zones ciblées pour la fertilisation
Les régions où le fer est naturellement en faible concentration et où les nutriments comme le nitrate et le phosphate sont abondants sont les plus propices à cette technique. Les principales zones HNLC sont :
- L’océan Austral
- Le Pacifique Nord
- L’Atlantique équatorial
- Certaines zones du Pacifique équatorial
Ces régions sont les plus adaptées car elles disposent de nutriments en quantité suffisante, mais manquent de fer pour soutenir une prolifération massive du phytoplancton.
3. Techniques d’application
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour disperser le fer dans l’océan :
A. Dispersion directe de particules de fer
- Poudres d’oxyde de fer, sulfate de fer ou fer chélaté dispersées en mer.
- Transport par bateaux ou drones marins pour une diffusion ciblée.
B. Utilisation d’organismes ferrobactériens
- Certaines bactéries marines peuvent mobiliser le fer contenu dans les sédiments et le rendre biodisponible.
C. Déversement de cendres volcaniques
- Les cendres contiennent des minéraux riches en fer qui, en tombant sur la surface océanique, fertilisent l’eau de manière naturelle.
4. Efficacité et limites
✅ Avantages :
- Peut entraîner une absorption importante de CO₂ (jusqu’à plusieurs centaines de millions de tonnes par an).
- Peut stimuler la production biologique dans l’océan et soutenir certaines espèces marines.
- Inspiré des processus naturels (poussières désertiques fertilisant l’Atlantique).
❌ Inconvénients et risques :
- Durée de stockage incertaine : le carbone absorbé par le phytoplancton ne reste pas toujours dans les profondeurs océaniques, une partie est réémise dans l’atmosphère.
- Risque d’hypoxie : une prolifération excessive d’algues peut entraîner la consommation d’oxygène en profondeur et créer des zones mortes.
- Perturbation des écosystèmes : modification des chaînes alimentaires marines, impact sur les espèces locales.
- Production accrue de gaz à effet de serre secondaires (ex. méthane, protoxyde d’azote).
5. Expérimentations passées et controverses
Des essais ont été menés depuis les années 1990 :
- IronEx I et II (Pacifique, 1993-1995) : Premiers tests démontrant un doublement de la biomasse phytoplanctonique après fertilisation au fer.
- LOHAFEX (Océan Austral, 2009) : Test plus contrôlé, montrant que le carbone capturé était rapidement recyclé par le zooplancton.
- Haida Gwaii (Canada, 2012) : Expérience controversée de fertilisation illégale menée par une entreprise privée, provoquant un débat sur la régulation de ces pratiques.
6. Régulation et perspectives
Actuellement, la fertilisation des océans est strictement encadrée par des conventions internationales comme :
- La Convention de Londres (LC-LP, 2008) : Interdiction des fertilisations à grande échelle sans cadre scientifique.
- La Convention sur la biodiversité (CBD, 2010) : Mise en garde contre les impacts environnementaux potentiels.
À l’avenir, des approches hybrides (ex. combinaison avec l’aquaculture de macroalgues) pourraient être explorées pour maximiser l’efficacité de cette technique sans perturber les écosystèmes.
Conclusion
La fertilisation des océans est une solution potentielle pour capter le CO₂ atmosphérique, mais son efficacité à long terme et ses impacts écologiques restent incertains. Elle illustre bien le dilemme de la géo-ingénierie : un équilibre fragile entre bénéfices climatiques et risques environnementaux.
Source : GPT 03.2025